Comme nous ne cessons de le rappeler, élégance et goût du beau vêtement ne riment pas nécessairement avec bourgeoisie. Le vêtement évolue et change avant tout avec ceux qui le portent, surtout s’il en est fait un outil d’expression et de création que ce soit à l’échelle individuelle ou générationnelle. Nous vous proposons aujourd’hui un tour d’horizon de la mode « populaire » des années 50, principalement aux États-Unis mais nous verrons également les spécificités faisant le charme du style à la française. Étant impossible d’observer la mode dans tous les pays à cette période, cet article ne se veut pas exhaustif mais initiatif à une façon générale de créer son style, en s’inspirant de la mode de cette période. Cette dernière a été fortement influencée par les États-Unis qui, après 1945, ont connu une période de grande prospérité et ont largement diffusé leur culture en Occident. En effet, les jeunes gens des années 50 souhaitaient une rupture avec le monde d’avant-guerre dans lequel ils ne se reconnaissaient pas et se démarquèrent par leur culture radicalement différente et même outrancière. Cette culture s’est manifestée  grandement par le vêtement et la façon de le porter. Dans le même temps, fleurissaient aux États-Unis comme en Europe les magasins de prêt à porter, ce qui fait apparaître un nouveau mode de consommation facilitant cette émancipation culturelle par le vêtement. Tout cela est couronné par l’émergence à partir de la seconde moitié de la décennie d’une grande variété d’icônes du cinéma et du rock’n’roll, dans lesquelles les jeunes peuvent se reconnaître.

   En termes de style vestimentaire, les années 50 sont une évolution naturelle des années 30 et 40, notamment en termes de coupes. En effet, la mode est aux pantalons taille haute, plutôt larges et souvent à pinces, pour les costumes comme pour les tenues plus décontractées. On remarque que le pantalon casse souvent sur le soulier, mais ce n’est pas une norme et il existe de plus en plus de tombés droits. Des tenues de lycéens jusqu’aux costumes de Wall Street, le pantalon haut et large est omniprésent. Le blue jean, qui connaît un gain d’intérêt hors du monde ouvrier depuis les années 40, voit sa popularité exploser au début des années 50. Porté par James Dean, Marlon Brando ou encore Elvis Presley, il ouvre la voie à de nouveaux styles et de nouvelles possibilités de créations vestimentaires. Le col cubain est lui aussi au centre de l’attention et se porte parfois au-dessus des revers de la veste, bien que la cravate soit toujours portée. D’ailleurs, des motifs, dessins et couleurs originales apparaissent à ce moment-là sur celles-ci.

En haut, la chemise, à manches courtes comme à manche longue est également en vogue. La nouveauté par rapport aux décennies précédentes est l’apparition de couleurs et de motifs très marqués. Les bretelles laissent de plus en plus de place à une ceinture portée assez fine (entre 2 et 3cm) même chez les hommes. Les icônes du rock’n’roll comme Elvis Presley ou Jerry Lee Lewis sont de bons exemples du port de la ceinture. Fine, claire et souvent portée avec la boucle sur le côté. Enfin, le port de la veste chez les jeunes reste très présent bien qu’il soit tout à fait possible de porter la chemise seule, même avec une cravate. On retrouve alors des vestes sports, arborant parfois des couleurs originales, et aux coupes plutôt amples.

Les souliers restent classiques : derbies, loafers, mais prennent des formes et des variantes intéressantes. Parlons surtout de la Spectator Shoe. Nous y consacrerons bientôt un article à part entière mais il faut noter que ce soulier datant du début du siècle prend dans les années 40 et 50 des formes variées. On trouve des mocassins bi-tons et des spectators richelieu. Notons aussi l’existence des saddle shoes, à la forme tout à fait particulière et portée par les jeunes gens aussi bien avec un pantalon classique qu’avec un jean. Enfin, comment ne pas citer les chaussures suédées qui connaissent aussi un certain engouement à cette période (le tube Blue suede shoes est à cet égard un titre révélateur).

En France, les années 50 sont marquées par l’arrivée d’une certaine culture américaine, mais de façon progressive. La façon de s’habiller évolue également. Cependant, la mode du large et ample est plutôt présente dans les années 40 en France, et dès la seconde moitié de la décennie 1950, on se tourne vers des coupes déjà plus fuselées. Sur le plan culturel et vestimentaire, les années 50 en France arrivent vite au tournant des années 60 et les styles sont naturellement impactés par cette nouvelle vague vestimentaire, surtout influencée par la jeunesse britannique. Les tenues restent plus sobres qu’outre atlantique, malgré un grand succès de la chemise à petits ou grands carreaux chez les jeunes. Les icônes européennes portent plus le costume que les icônes américaines, mais il ne faut pas voir en cela une génération plus sage… Le costume porté à la française est bien plus nonchalant, moins structuré, presque insolent, et Delon ou Gainsbourg en sont de parfaits ambassadeurs. C’est ce qui fait la particularité de la classe à la française qui se dessine pour au moins les trois décennies qui s’annoncent. En France, nonchalance rime avec élégance.

Article écrit par Jérémie
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